RÉSUMÉ
Source : ANR - Agence Nationale de la Recherche
La plupart des débats qui définissent l'avenir de nos sociétés et de notre planète sont opaques. Dans le cas des débats sur l'adaptation aux changements environnementaux planétaires (CEP), la cause en est double: l'extrême technicité des questions en jeu et la multiplicité d’échelles et d’acteurs qu’ils impliquent. Malgré son importance et son urgence, la question des conséquences du changement climatique global reste indéchiffrable pour la majorité de la population. Et pour une fois ce n’est pas par manque de transparence ou d’information. La Convention des Nations Unies sur le changement climatique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat aussi bien que de nombreux autres organismes nationaux et internationaux se distinguent par l’étendue de la documentation publique qu’elles produisent. Chaque document de négociation, chaque position paper, chaque rapport scientifique, chaque dossier de lobbying, tout est librement disponible sur le Web en quasi temps réel. Mais, comme les recherches sur les médias ont souvent observé, la surabondance d’information n’aide pas la démocratie. La preuve en est que l’agenda de l'opinion publique est toujours occupé par la question de l'origine anthropique du réchauffement climatique, alors que cette question a longtemps été un point de consensus à la fois de la communauté scientifique et des négociations politiques.
Pour contribuer à la compréhension des défis posés par l'adaptation, le projet MEDEA (Cartographier les débats environnementaux sur l'adaptation) propose un programme de recherche exploratoire en quatre volets, basé sur la méthodologie innovante de la cartographie de controverse. Tout d'abord, en s'appuyant sur une collaboration étroite entre des climatologues et des chercheurs en sciences sociales, il vise à recueillir un vaste corpus de discours à la fois scientifiques et médiatiques sur le débat sur l'adaptation aux CEP en France. Deuxièmement, il vise à analyser ce corpus en utilisant des méthodes et des outils issus de la sociologie des sciences et de techniques (STS).
Troisièmement, en s'appuyant sur des experts en design de l’information, il vise à développer une plate-forme interactive en ligne capable de rendre le débat lisible à un large public. Enfin, le projet se terminera par la diffusion de cette plate-forme à toutes les parties prenantes du débat.
Globalement, le projet entend apporter une réponse aux questions suivantes: Quelle différence cela fait-il d'être équipé d'outils de cartographie de débats technoscientifiques? Est-ce que cela peut changer (et éventuellement améliorer) la manière dont on débat publiquement de l'adaptation au changement climatique ?
Conformément à l'appel à projets CEP&S, MEDEA propose une approche innovante combinant des méthodes quantitatives et qualitatives des sciences sociales, des sciences du climat et du design de l’information. Pour assurer cette articulation disciplinaire originale, ce projet de recherche s’appuie sur la collaboration de trois partenaires: Sciences Po (en particulier son Médialab et le IDDRI), le Laboratoire des Sciences du Climat et l'Environnement, une unité de recherche mixte CEA-CNRS-UVSQ (UMR8212), et le EnsadLab de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD). Compte tenu de sa vaste expérience dans la cartographie des controverses, le médialab Sciences Po assurera le management du projet, sous la coordination scientifique de Tommaso Venturini.
Tout en étant novatrice, la stratégie de MEDEA est suffisamment claire pour offrir une base solide pour un projet de recherche interdisciplinaire et assurer que des réponses pertinentes aux défis posés par l’appel soient fournis à la fin des trois ans. MEDEA vise ainsi à soutenir le développement des politiques et du débat public sur l'adaptation et à contribuer à la compréhension des processus du GEC et de sa gouvernance – des objectifs fondamentaux de l’appel CEP&S.