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Retrait-gonflement des argiles : à quoi s'attendre et comment s'adapter ?

Des murs qui se lézardent… Plus de la moitié des maisons individuelles du pays sont exposées au phénomène dit de « retrait-gonflement des argiles » (RGA), accentué par le réchauffement climatique. Encore trop souvent méconnu, le phénomène est devenu la deuxième cause d’indemnisation derrière les inondations. Heureusement, des solutions existent pour limiter ce risque et construire sa maison en toute sécurité.

+ 10

millions de maisons individuelles

très exposées au risque de fissure

3 sur 4

communes

avec plus de 50% des maisons exposées

 

cause d’indemnisation

en volume de dommages, derrière les inondations

Comprendre

De quoi parle-t-on ?

« Retrait-gonflement des argiles » : derrière la formule, un mécanisme simple : un sol argileux change de volume et de consistance selon sa teneur en eau. Humide, il gonfle. Desséché, il se rétracte. Ces variations lentes suffisent à endommager les structures légères comme les maisons et les routes qui reposent dessus.
Il existe des facteurs de prédisposition : une composition minérale sensible (la smectite, la vermiculite et la montmorillonite ont un potentiel de déformation élevé) ; l’existence d'une nappe phréatique ou des circulations saisonnières d'eaux souterraines peu profondes à proximité. Par ailleurs, certains aménagements peuvent déclencher ces retrait-gonflements (drainage, imperméabilisation des sols, fuites d’eau).

Comment le changement climatique aggrave ce phénomène

Selon les experts, ce phénomène s’intensifie avec l’accentuation des cycles aléatoires de sécheresses-pluies intenses engendré par le réchauffement climatique, qui ont considérablement dégradé des ouvrages en surface (maisons individuelles, infrastructures routières). Avec le changement climatique, des sécheresses plus intenses et plus longues risquent de provoquer des dommages plus profonds dans les sols (Cerema, 2022). Cela pourra affecter des constructions épargnées dans le passé. Parmi les régions les plus exposées, l’Ile-de-France, l’Occitanie, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ou encore la Nouvelle-Aquitaine.

Pourquoi il est urgent d’agir

En l’espace de 20 ans, le retrait et gonflement des sols argileux est devenu en France la deuxième cause d’indemnisation derrière les inondations (sur la période1995-2013). Il représente la moitié des événements les plus coûteux depuis 1989, et 36% de la sinistralité constatée au titre des catastrophes naturelles (Haut Conseil pour le Climat, 2022) pour un coût cumulé de 475 millions d’euros par an (I4CE, 2022). Dix millions de maisons individuelles sont concernées et trois communes sur quatre sont concernées, avec +50% de maisons exposées (source : Mission Risques naturels).

Agir

Comment adapter son territoire au risque de retrait-gonflement des argiles ? Le phénomène provoque des dégâts coûteux et pénibles à vivre pour les propriétaires. Or, des règles simples permettent de construire sa maison en sécurité, même sur terrain argileux. Les collectivités peuvent jouer un rôle précieux pour sensibiliser leurs administrés à l’existence de ce risque et diffuser les techniques préventives.

Identifier les risques auxquels le territoire est exposé

Consulter la carte de zonage officielle sur le site Géorisques, avec 2 niveaux d’exposition moyen/fort.

Carte de zonage rga

 

Quel est le cadre réglementaire ?

Le Plan de Prévention des Risques à l’échelle de la commune
  • Délimite les zones exposées au phénomène de retrait-gonflement des argiles.
  • Impose dans ces zones des prescriptions pour les futures constructions ou bâtiments existants : pour l’essentiel, des mesures de bon sens au coût modique, qui peuvent réduire considérablement les désordres.
  • Même dans les zones le plus à risque : pas d'inconstructibilité.
  • Peut imposer la réalisation d'une étude géotechnique préalable.
  • Son non respect peut conduire à la perte du droit à l’indemnisation de sinistres, même en cas de catastrophe naturelle reconnue.
La loi Elan 2018 impose des diagnostics aux vendeurs et propriétaires

Elle rend obligatoire la réalisation d’études de sol préalables, dans les zones d’exposition moyenne ou forte :
• avant la vente : le vendeur du terrain constructible doit faire réaliser un diagnostic du sol
• avant de construire : l'acheteur doit faire réaliser une étude géotechnique à destination du constructeur. Si un risque se révèle, le constructeur doit suivre les consignes réglementaires.

Sensibiliser la population

Au-delà des obligations réglementaires d’information de leur population sur les risques, les collectivités, premières interlocutrices des habitants, ont un rôle important de sensibilisation et de diffusion de la culture du risque. L'objectif ? Mieux faire connaître ce risque souvent mésestimé, les recommandations pour limiter ses impacts ainsi que sa prise en compte dans toute nouvelle construction. Pour cela, les communes peuvent organiser des réunions publiques d'information et de sensibilisation sur le risque sécheresse et ses conséquences sur les maisons existantes et neuves exposées au retrait- gonflement des argiles.

Les règles de prévention à faire connaître

Ancrer les fondations en respectant un minimum de profondeur, renforcer les habitations par des mesures de chaînage, désolidariser les différentes parties de la maison avec des joints de rupture, préserver l’équilibre hydrique du sol … tout un ensemble de mesures simples, de bon sens, et au coût raisonnable existent permettent d’éviter des dégâts considérables par la suite, comme le détaille cette page du site Géorisques.fr.

rga - brgm

Lire aussi : l’article du Cerema sur le phénomène et son impact sur les maisons et les routes

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