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Pierre Leroy, président Pays Grand Briançonnais : “ Pour repenser la montagne, il est nécessaire d’écouter les citoyens et de retisser du lien”

Figure incontournable de la transition écologique en France, maire pendant 12 ans, Pierre Leroy est depuis 2014 à la tête du Pôle d’Équilibre Territorial et Rural PETR du Briançonnais, des Écrins, du Guillestrois et du Queyras. Cette structure porte le Programme Avenir Montagnes pour le territoire : une démarche nationale pour construire un tourisme plus durable pour les territoires de montagne ou comment concilier économie, environnement et population locale face à la crise qui s’annonce. Entretien.

La montagne subit de plein fouet le changement climatique. Comment cela se traduit-il sur votre territoire ?

Les territoires de montagne sont des territoires sentinelles. Ils sont impactés par la crise climatique, plus fortement qu'ailleurs. Là où il y a une augmentation de 1°C, en territoire de montagne, l’augmentation est de 2°C. 
Si nous avons les mêmes problématiques que partout ailleurs, comme la sécheresse, les événements climatiques extrêmes, les tempêtes... d’autres risques viennent s’ajouter tels que les glissements de terrain. Dans la vallée de la Clarée, par exemple, ils atteignent parfois 6 mètres de haut et traversent la route. Récemment le phénomène s’est déroulé dans le Guillestrois en coupant les réseaux routiers, électriques, téléphoniques, d’eau et de connexion internet. Nous dépensons beaucoup d'argent public pour réparer toutes ces catastrophes sans compter les problèmes assurantiels. C’est pourquoi il faut travailler sur l'autonomie des territoires.

Pierre Leroy

 

D’ici à 2050, il y aura moins de neige et moins longtemps. Que répondez-vous aux inquiétudes d’une population qui va voir son mode de vie complètement bouleversé ?

Il ne semble plus possible aujourd'hui d’exploiter la montagne comme avant. Cela signifie des pertes d'emploi et des impacts dans la vie locale. De nombreux citoyens ont peur et en tant qu’élus responsables, nous devons les accompagner et les rassurer. Il faut créer du lien, concerter, et accompagner les populations pour commencer à imaginer un avenir souhaitable et adapté. Le jour où il y aura une année "blanche”, c'est-à-dire sans neige ( le plus tard possible je l’espère…), en particulier dans les stations de basses et moyennes altitudes, nous devrons être en capacité d'accueillir sereinement les touristes, leur proposer un autre modèle. Je pense que les citoyens sont prêts à cela et ont envie d’y participer. Le territoire est doté d’outils et de moyens pour permettre le tourisme demain.

Les élus ont-ils un rôle central pour accompagner cette transformation ?

Je vois le rôle d’élu comme celui d’un “soignant”. Sa mission : tenter de prendre soin d'un territoire et d'une population. Les élus, eux aussi, ont besoin d’être accompagnés et formés car les perspectives peuvent paraître effrayantes. En échangeant entre pairs, en travaillant ensemble à l’échelle d’une communauté de communes ou d’un PETR, c’est plus facile. Se parler, comprendre les enjeux communs est une clé pour l'avenir. Aujourd’hui, la perte de sens du commun se ressent dans notre société. L’élu en tant qu’animateur de territoire peut donner les outils pour construire ensemble. Motiver les gens, installer la confiance : c’est à ces conditions qu’on pourra agir concrètement.