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Renaturer une cour d’école pour lutter contre les inondations et la chaleur : l’exemple de Libourne

En finir avec l’enrobé... en l'espace d'un an la ville de Libourne a réaménagé une cour d’école primaire. Objectif : désimperméabiliser pour rafraîchir le lieu et mieux évacuer les eaux de pluies.

Fiche d’identité

Territoire
Cour élémentaire du Sud (2100m2, 169 élèves), Libourne (25 598 habitants)

Maître d’ouvrage
Ville de Libourne

Maître d’oeuvre
CLAP (Creative LAndscape Process), Paysagiste concepteur

Budget
Montant des travaux : 87 437 € TTC
Montant ingénierie : 9 630 € TTC, 108 €/m2 TTC (pour les 900 m2 de cour traitée), ingénierie comprise (97 €/m2 TTC hors coût ingénierie). Aucune subvention

Date de réalisation
2020

Contact
ecoles.de.demain@cerema.fr

Cours d'école de Libourne

Le contexte

La réflexion a débuté suite à un épisode caniculaire en 2019 et à la demande de davantage de nature dans les cours d'école. Le projet s’intègre dans la stratégie globale menée par Libourne pour s’adapter au changement climatique. L’un des axes forts déployé sur tout le territoire est, partout où c’est possible, d’infiltrer l’eau à la parcelle. C’est-à-dire de la recueillir au plus près de son point de chute, plutôt que de l’évacuer par voie de canalisation. Cette gestion intégrée des eaux de pluie permet de réalimenter les nappes phréatiques et d’éviter le débordement des réseaux par forte pluie.

Avant travaux

Avant

  • Revêtue d’enrobé noir, la surface de la cour peut atteindre jusqu’à 65°C sous le soleil. L’inconfort est réel en cas de forte chaleur.
  • Des phénomènes d’eaux stagnantes sont constatés à la suite de gros orages au point le plus bas de la cour. Celle-ci est quasi totalement imperméabilisée et les eaux de pluie sont gérées via le réseau d’assainissement. La cour compte sept arbres. Mais, pris dans le béton, leurs pieds asphyxiés sont incapables d’infiltrer l’eau.
  • Le lieu est bruyant avec des usages classiques de récréation: foot, marelle, ping-pong.
Après travaux

Après

  • Désimperméabilisation : 900 m2 (2 000 m2 de surface imperméable initialement)
  • Augmentation des espaces naturels
  • Eaux de pluies gérées à la parcelle (« sans tuyau »).

Outre l’apport de fraîcheur et l’évacuation naturelle d’eau, ces nouveaux espaces ont créé une ambiance différente. Les équipes périscolaire et enseignante notent un apaisement, des jeux différents (notamment avec la nature), une plus grande mixité. Les enfants respectent leur lieu de vie et balayent eux-mêmes les copeaux de bois.

Les solutions mises en place

  • Une partie de la cour est désimperméabilisée (sur 900 m², soit 45 %).
  • Un bosquet pédagogique est installé avec des bacs potagers et un salon de lecture à l’ombre. Les arbres existants bénéficient d’un nouveau sol perméable avec un semi de prairie fleurie. Des lanières arborées sont créées, entourées de ganivelles. Au sol un revêtement en mulch* s’ensemence naturellement (*Le mulching est une technique naturelle de tonte qui consiste à tondre sans ramassage, en broyant finement l’herbe et en offrant un paillis naturel, qui permet de fortifier le sol).
  • Une fresque ludique au sol est dessinée par les enfants. Elle éclaircit l’enrobé restant.
  • 90 arbres sont plantés : les essences sont choisies en fonction des périodes de présence des enfants.
  • Un hôtel à insectes est mis en place, avec des mangeoires et des nichoirs pour les oiseaux, construits par les enfants lors du périscolaire.
  • Des bacs potagers et des panneaux « décoratifs » sont fabriqués par les enfants où figurent des expressions utilisant le nom d’un fruit ou d’un légume.
  • Des bancs et des poubelles en bois sont installés. Tous les matériaux utilisés sont locaux, biodégradables et renouvelables

 

Les points clés de réussite

  • L’accompagnement par une maîtrise d’oeuvre, un cabinet d'architecte-paysagiste, force de proposition auprès de tous les acteurs pour créer un projet commun a été essentiel.
  • La concertation : elle a permis de tenir compte de tous les usages et besoins en amont. Travailler l’ambition du projet avec les principaux intéressés, équipes enseignantes et du périscolaire, agents d’entretien des espaces verts, était jugé essentiel afin de susciter leur engagement dès la conception. Une maquette de l’école mobile et manipulable a permis d’échanger sur les attentes, notamment sur l’emplacement des futures plantations. Par manque de temps ( opération limitée à un an), les élèves n’ont pu être associés, mais pour les autres écoles, ils le seront dès la phase amont.
  • Le besoin d’entretien a été pris en compte dès la conception du projet : le réaménagement de l’école n’induit pas plus de travail mais un travail différent. Les arbres doivent être élagués et les feuilles, balayées.
  • Le rôle majeur de l’équipe périscolaire tout au long du projet pour impliquer les élèves (fabrication des nichoirs, réalisation d’activités pédagogiques...)

Le projet a été récompensé en 2021 par le prix de la « Participation Approche participative » de la Fédération française du paysage.

Lire aussi: découvrez ce projet en détail dans la fiche du Cerema Réaménagement de cours d'école - Un sol perméable pour plus de nature : Résilience et cour d'école - Fiche n°2 - Libourne, source de cet article.