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Confort d’été : un plan d’adaptation pour les bâtiments publics en Seine-Saint-Denis

Alors que les épisodes de canicule sont de plus en plus fréquents, la question de l’adaptation des bâtiments publics aux fortes chaleurs devient un sujet brûlant pour les collectivités. Après une première expérimentation avec le Val-de-Marne, le Cerema accompagne le département de la Seine-Saint-Denis dans son plan d'adaptation du parc bâti. Retour sur une démarche riche d’enseignements.

Fiche d’identité

Territoire
Seine-Saint-Denis (93)

Financement
Prestation de gré à gré puisque la Seine-Saint-Denis est une collectivité adhérente du Cerema. Piloté par le Service Développement Durable. 
Mission à 40 000 €

Temps de réalisation 
1 an

 

Hôtel de préfecture de la Seine-Saint-Denis

"On s'est aperçu depuis quelques années que les questions de changement climatique ne relevaient pas que d'un enjeu d'atténuation de nos émissions de carbone ou de nos gaz polluants : il nous faut apprendre à vivre avec des conditions climatiques durablement modifiées et des chocs climatiques appelés à s'intensifier et se multiplier" constate Ari Brodach, directeur de la délégation à la transition écologique de la Seine-Saint-Denis. 
C’est dans le cadre de son partenariat avec le Cerema que le Département a donc choisi de faire un « test de robustesse » de son patrimoine bâti à l’aune de cette nouvelle donne climatique.

Évaluer la résistance du patrimoine immobilier 

A partir d’une première projection sur les évolutions climatiques à horizon 2050, quelques 300 bâtiments ont été passés au crible. Le diagnostic s’est appuyé sur un relevé des températures précis et une analyse des caractéristiques de construction de chaque bâtiment : années de construction, isolation, végétalisation de la parcelle... Résultat : Une trentaine de bâtiment se sont avérés particulièrement vulnérables. 

Le travail avec les équipes du Cerema a également permis d’actualiser les scenarios climatiques utilisés par le Département pour concevoir leurs futurs bâtiments devenus obsolètes. Le nouveau référentiel intègre désormais une perspective à +4°C et des périodes de canicule plus longues, de mai à septembre. De plus l’étude a montré l’importance de privilégier les isolations biosourcées qui ont un meilleur déphasage thermique (le temps nécessaire pour que la chaleur extérieure pénètre à l'intérieur d'un bâtiment). Enfin le plan prévoit toute une série de recommandations, pour adapter les modes de vie à ses nouvelles conditions climatiques comme le télétravail, le travail décalé en période de forte chaleur ou l’aération nocturne des locaux.

Trois raisons de se lancer 

Pour Ari Brodach, cette démarche devrait être envisagée par tous les territoires à plus d’un titre. "Tout d’abord parce que lorsqu’on parle d’adaptation on parle d’usage, de qualité d’usage et ça, ça parle aux gens". Ensuite parce qu’il est toujours moins couteux d’adapter les bâtiments aux fortes chaleurs à venir que de devoir les équiper en climatisations qui augmentent considérablement la facture énergétique des collectivités. Enfin parce que c’est aussi une question de calendrier. "C'est aujourd'hui qu'il faut engager des travaux dans la mesure où le temps nécessaire à leur programmation et à leur réalisation nous emmène vite début 2030, dans des situations où d'ores et déjà, on ressentira davantage les effets des pics de chaleur" présage-t-il.

Les données, élément clé pour s’adapter

Alors que la méthode se déploie dans d’autres départements, François Marconnot à l’initiative de cette démarche d’adaptation au Cerema souligne l’importance de l’accès aux données. Contrairement aux questions de confort d’hiver, elles ne sont pas toujours disponibles. « En hiver, c'est assez facile finalement. On a un compteur. Si on consomme beaucoup en chauffage, c’est que le bâtiment n'est pas bon. Mais en été, on n'a pas l’équivalent. » S’ajoute à ce manque de données, la complexité règlementaire à laquelle sont soumis les bâtiments publics : "Même si l’adaptation est aujourd’hui urgente, elle n’est qu’une priorité parmi la longue liste de contraintes que les collectivités doivent respecter sur leurs infrastructures", souligne-t-il. Un bémol qui rappelle l’importance du portage politique pour engager une stratégie d’adaptation efficace.